Mise en page du blog

Qu’est-ce qu’un élément fantastique ?

12 janvier 2015

La fantasy fait de nos jours partie des genres les plus prisés et les plus écris ; sur ce forum, de nombreuses fictions de ce type naissent et bien souvent, échouent, parfois à cause d’un manque de compréhension des éléments qui doivent composer un récit de ce genre. La fantasy est-elle un genre facile, pourrait-on se demander en voyant les nombreux écrits de ce genre qui surgissent ? Pas forcément. Il est sans doute plus aisé de fournir quelque chose de correct en fantasy, ne serait-ce qu’en se basant simplement bien plus difficile.


Ce tutoriel aura pour but de vous fournir les éléments phares d’un récit fantastique et de construire plus facilement vos récits. Toutefois, rappelez-vous bien, en lisant ce texte, qu’il n’a pas la prétention de vous fournir une histoire ou un monde tout fait : il s’agit seulement d’un récapitulatif des divers éléments autour desquels vous pouvez articuler votre toile de fond. Mais malgré cela, n’oubliez pas que même le meilleur concept de monde, aussi original soit-il, n’est pas un roman, seulement une base pour votre histoire, au mieux un prétexte : l’imagination brute ne remplacera jamais totalement l’analyse et la construction.


Ce tutoriel repose sur de nombreux exemples, pouvant exceptionnellement spoiler le livre ; j’ai essayé de l’éviter le plus possible, mais il m’aura été inévitable de révéler l’orientation globale de livres. J’aurais également tenté de rendre compréhensibles mes points de vue même en dehors de toute connaissance des livres les plus souvent mentionnés.



Les éléments fantastiques



L’élément fantastique est, à proprement parler, l’ensemble des choses qui existent dans le monde de fiction qui n’existent pas, ou du moins, ne sont pas palpables, dans le notre. Les éléments les plus souvent utilisés sont la présence de races supplémentaires, animales ou pensantes, ainsi que la présence de magie. Toutefois, l’élément fantastique est une chose à part entière : ainsi, même si la bataille du Gouffre de Helm ainsi que le lieu éponyme n’a pas existé dans notre monde, il s’agit bien d’une bataille et d’un gouffre : ainsi, ce ne sont pas des éléments fantastiques tant qu’ils restent dans des proportions raisonnables. En effet, un arbre de dizaines de milliers de kilomètres de hauteur est bel et bien un élément fantastique, car il serait inconcevable d’en trouver un pareil à lui dans notre monde.



Leur occurrence



Il s’agit bien souvent d’un des piliers des mondes fantastiques : est-ce que mon monde sera d’une fantasy débridée et irréaliste d’une façon voulue, ou au contraire très proche d’une notre, les éléments de magie n’en étant que plus marquants ? On peut grossièrement classer les récits en deux catégories primaires, la « haute magie » et la « basse magie ».



La haute magie



Les mondes de haute magie sont caractérisés par le grand nombre d’éléments fantastiques qu’ils contiennent. Bien souvent, la magie y est chose commune, et l’on peut constater la présence de nombreuses autres races que les humains. Le commun des mortels, quoiqu’il en pense, reconnaît pleinement l’existence de ces phénomènes étranges. La haute magie peut aussi se caractériser par la présence et l’action des dieux qui plus que des concepts, sont de véritables entités, souvent capables de s’incarner. De plus, la magie ou l’un des éléments fantastiques est presque tout le temps le centre et le prétexte de l’histoire ; d’ailleurs, le personnage principal est souvent un pratiquant de la magie ou étroitement liée à elle.


Ainsi, on peut classer aux rangs des mondes de haute magie la Malerune, de Pierre Grimbert, où la magie est chose commune et où les races sont foison. Lancedragon est également un univers de haute magie, comme d’une manière globale tout l’univers gravitant autour de Donjons & Dragons. La littérature jeunesse est bien plus souvent caractérisée par la présence de haute magie que la littérature adulte.


On peut également remarquer que la haute magie est le terrain préféré des écrivains de fantasy novice, et que d’une manière globale, il est difficile de rencontrer des mondes de haute magie au personnages creusés et à l’histoire profonde. En effet, il devient souvent plus facile de meubler le récit par des évènements extraordinaires et de continuer à captiver le lecteur en jouant sur les éléments fantastiques ; de plus, l’imagination s’exprime souvent plus facilement par ce biais.



La basse magie


Les univers de basse magie, eux, sont à l’inverse de la haute magie. En effet, ils ne sont souvent peuplés que d’une seule race, les humains, et les pratiquants de la magie sont rares ; globalement, les éléments fantastiques n’influent pas réellement sur le quotidien des habitants. La magie est souvent mystifiée : les sorts préformatés et simples laissent leur place à des rituels mystérieux. Un point commun à de nombreux univers de basse magie est également la référence à un passé où la magie était très commune, puis a décliné pour une raison ou pour une autre jusqu’à la situation actuelle. Là encore, il arrive qu’un pouvoir ou qu’un élément magique soit le centre de l’intrigue ; mais parfois, il ne s’agit que d’un moyen.

Ainsi, le Seigneur des Anneaux peut être classifié comme un univers de basse magie, typique du déclin progressif de les éléments fantastiques : les elfes disparaissent, les nains sont rares, les magiciens quittent la terre… la magie elle-même n’a que des applications voilées et puissantes. On peut aussi ranger dans cette catégorie le Trône de Fer, qui pousse à ses extrêmes les caractéristiques de la basse magie, ou encore l’Assassin Royal ; les romans de Gemmel se classent également dans cette catégorie.

La basse magie caractérise plus généralement la littérature adulte et donne généralement lieu à des récits plus riches, de part une psychologie des personnages et une intrigue plus fouillée. De plus, la magie et les évènements extraordinaires sont bien plus mis en scène et assez paradoxalement, on dénote souvent un travail plus soigneux sur les règles de la magie pourtant rare.


La « fausse » basse magie


La fausse basse magie est un genre un peu bâtard, où le monde lui-même est clairement de basse magie et présenté comme tel : pratiquants de la magie rares, peu de connaissance et d’influence de celle-ci sur la vie quotidienne. Souvent, ceci est mis en scène par le fait que le personnage est au début totalement ignorant de la présence des forces surnaturelles, ainsi que son entourage : ceci nous expose le fait que le commun des mortels n’a pas conscience des enjeux qui l’entoure. Toutefois, le personnage se retrouve rapidement aux prises avec de très nombreuses situations impliquant des éléments fantastiques. On peut dire ainsi que l’univers est de basse magie tandis que la scène est caractéristique de la haute magie.

Ainsi, pour prendre un exemple très célèbre, Harry Potter est le stéréotype de l’univers de fausse basse magie : le personnage est au début immergé dans un milieu ignorant mais se retrouve finalement entouré de personnages presque exclusivement dotés de particularités fantastiques. Plus nuancés, les romans de l’Epée de Vérité ou du Cycle de Ji s’inscrivent dans une idée semblable : des personnages campagnards rencontrent des magiciens, apprennent les arts surnaturels et se démêlent avec des sorciers surpuissants, des menaces pour le monde et même des dieux !

Toutefois, la présence d’un personnage central magicien dans un monde de basse magie n’inscrit pas forcément l’histoire dans la fausse basse magie. En effet, dans l’Assassin Royal, bien que Fitz pratique l’Art et le Vif, il est majoritairement entouré de personnages dépourvus de dons ; de plus, la mise en scène de la magie dans ce cycle est caractéristique des œuvres de basse magie.

Gardez toutefois à l’esprit que ces classifications sont grossières : ne serait-ce que dans la fausse basse magie, déjà pourtant spécialisée, l’Epée de Vérité sera plus proche de la haute magie que le Cycle de Ji ; certains romans oscilleront entre plusieurs classifications, etc.

Partagez cet article :

Votre avis est forcément intéressant, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

3 mai 2023
La Millième Nuit est l’un des tous derniers titres de la collection « Une heure-lumière » (UHL) sorti chez Le Bélial le 25 août dernier. L’ouvrage collectionne quantité de qualités que je vous invite à découvrir céans.
par Ostramus 26 décembre 2022
Un peu plus d’une décennie après la sortie du premier Avatar, James Cameron propose la suite directe : Avatar, la voie de l’eau . Ce film éveille un intérêt particulier non pas en raison du succès commercial du premier opus, mais au regard du talent du réalisateur pour les suites. En effet, Terminator 2 et Aliens font autorité comme étant d’excellentes suites, parfois considérées comme meilleures que le film d’origine, chacune ayant apporté un angle différent et explorant de nouveaux aspects de l’univers. Autrement dit, je suis allé voir le second film Avatar plus par curiosité scénaristique que par intérêt pour le monde d’Avatar et son histoire qui, sans être mauvais, n’a rien de fabuleux exception faite de la technique. Le présent article divulgue tout ou partie de l’intrigue.
par Ostramus 5 septembre 2021
Pour être honnête, j’ai un a priori négatif concernant l’œuvre de Romain Lucazeau, notamment à cause de la lecture – fastidieuse – de Latium . Si j’ai adoré la quasi-intégralité des idées et des réflexions peuplant le dyptique robotique (je frétille rien qu’en repensant à la création du Limes), son exécution m’avait paru laborieuse, portée par un style amphigourique. Cela étant dit, je reconnais qu’il y avait un je-ne-sais-quoi qui justifiait le succès dont il a bénéficié, et j’avoue que ma curiosité n’eut pas besoin d’être exacerbée bien longtemps pour m’intéresser à la nouvelle œuvre de l’auteur, La Nuit du faune , publié chez Albin Michel Imaginaire , décrit par mon libraire comme « Le Petit Prince avec des neutrinos ». Si une majorité de critiques dithyrambiques en parlent en termes élogieux, le considérant comme le chef d'œuvre de la rentrée littéraire, je crains de ne pas partager la bonne vision .
par Ostramus 30 mai 2021
Et si Jafar avait de bonnes intentions et que les apparences jouaient contre lui ? Après tout, nous ne savons pas grand-chose le concernant. Dans le film d’animation de Disney sorti en 1992, il n’est jamais fait mention de sa vie passée, de ses origines ni de la nature et l’étendue de ses fonctions. L’unique chose que le spectateur sait est qu’il souhaite devenir sultan à la place du sultan. Si la quête du pouvoir est rarement perçue comme vertueuse, nous ignorons pourquoi Jafar souhaite s’en emparer et ce qu’il compte en faire. En y regardant de plus près, il est tout à fait possible d’imaginer que derrière les complots, la répartie lapidaire et une apparence sinistre se cache un être dévoué qui se soucie réellement de son prochain. Aussi, mettons un instant de côté l e rêve bleu , renversons les perspectives et hasardons-nous à accorder une seconde chance au grand vizir d’Agrabah.
par Ostramus 3 mai 2021
Un long voyage de Claire Duvivier, publié Aux Forges de Vulcain est déjà sorti il y a un moment et il a connu un joli succès dans le petit monde de la littérature de l’imaginaire au regard des nombreux articles le concernant. Toutefois, certains aspects n’ont pas été évoqués, du moins à mon sens certains qui ont capté mon attention et qui soulèvent quelques questions. Aussi, je me suis fendu à mon tour d’un billet. La différence étant que je vais détailler l’entièreté de l’ouvrage et évoquer des éléments de l’intrigue. Cette critique s’adresse ainsi davantage à ceux qui l’ont lu qu’à ceux qui prévoient de le lire.
par Ostramus 27 mars 2020
Un univers désigne la réalité au sein de laquelle se trouve contenue l’intégralité de ce qui existe et où se produit l’intégralité des phénomènes physiques. Il constitue pour un individu l’ensemble de ce qu’il est en principe possible d’observer, d’explorer, et de manipuler. Si cette définition n’a rien d’universel, il s’agit de la conception adoptée pour la suite du propos. Selon cette acception commune, l’univers a la propriété d’être de taille infinie et d’être régi des lois physiques identiques en tout lieu et en tout temps. En l’état actuel de nos connaissances, l’univers dans lequel nous nous situons, du moins la portion que nous sommes en mesure d’observer et d’analyser serait unique. Même si le modèle standard de la cosmologie accuse quelques lacunes et autres difficultés à unifier la mécanique quantique et la relativité générale, il n’offre pour l’heure aucune preuve de l’existence d’un univers différent du nôtre. Pour autant, il existe des théories qui s’interrogent quant à la possibilité que notre univers ne soit pas unique, mais un parmi d’autres. Il y aurait un ensemble d’univers formant un vaste multivers.
Plus d'articles
Share by: