Mise en page du blog

Critique - Un long voyage de Claire Duvivier

3 mai 2021

Un long voyage de Claire Duvivier, publié Aux Forges de Vulcain est déjà sorti il y a un moment et il a connu un joli succès dans le petit monde de la littérature de l’imaginaire au regard des nombreux articles le concernant. Toutefois, certains aspects n’ont pas été évoqués, du moins à mon sens certains qui ont capté mon attention et qui soulèvent quelques questions. Aussi, je me suis fendu à mon tour d’un billet. La différence étant que je vais détailler l’entièreté de l’ouvrage et évoquer des éléments de l’intrigue. Cette critique s’adresse ainsi davantage à ceux qui l’ont lu qu’à ceux qui prévoient de le lire.


  
Résumé

 
Le récit se veut le témoignage autobiographique d’un certain Liesse, personnage imaginaire.
Dans le premier tiers de l’ouvrage, le protagoniste raconte sa jeunesse en tant qu’esclave sur un archipel, plus particulièrement au sein de ce qui s’apparente l’ambassade d’un empire lointain, et ses relations avec les personnages qui administrent les îles. La principale caractéristique d’Un long voyage est qu’il ne s’apparente pas à un récit initiatique ni à une épopée héroïque. Le parti pris du roman consiste à montrer des évènements politiques à l’importance variable du point de vue d’une individu quelconque. Si Liesse participe à certaines réunions et rédige des courriers, il ne prend pas part aux décisions, se contentant de constater leurs effets, notamment sur son île qui se transforme suite à l’action de l’influente Malvine Zélina de Félarasie. Lorsque cette dernière doit quitter l’archipel pour des raisons politiques, Liesse la suivra dans un pays qu’il ne connaît pas. 
Le second tiers montre l’installation de Liesse dans la cité de Solmeri, capitale d’une province moyenne de l’empire. Liesse est en proie à des problématiques à la fois très prosaïques avec les affaires courantes à gérer et quelques tractations politiciennes, et à la fois à des évènements mystérieux en lien avec Malvine.
L’intrigue décolle vraiment dans le dernier tiers, lorsque la cité est attaquée par d’étranges soldats. La situation tourne à la catastrophe, avec son lot de drames. Liesse assiste impuissant aux évènements, décrivant l’horreur sur le moment, et la difficulté de survivre par la suite.


Avis & menues observations


En premier lieu, je louerais le choix de police d’écriture opté par les Forges de Vulcain. Cela n’a l’air de rien, mais trop souvent l’encrage peut s’avérer inégal d’une page à l’autre, et en cas de police trop fine, le texte semble diaphane. Ici, la police est assez grasse, et l’encrage uniforme d’une page à l’autre, le tout sur un papier légèrement ivoire, si bien que le texte ressort très bien, assurant un grand confort de lecture. Il s’agit de mon premier livre chez cette maison d’édition et l’objet en soi m’a ravi.
Sur le fond, j’avoue avoir eu du mal à rentrer dans le récit. Liesse évoque sa condition d’esclave avec force détails sur les circonstances de son achat pour les responsables impériaux et les implications tant protocolaires que bureaucratiques. Personnellement, j’aurais préféré percevoir la vision des locaux à l’arrivée des impériaux, sensés les dominer, sinon les civiliser. Heureusement, la prose de Claire Duvivier est entraînante. Le texte se distingue par un style minimaliste et fluide, presque poétique avec quelques notes de nostalgie. Autre particularité, la quasi-absence de dialogues. Pour le coup, j’ai trouvé la performance remarquable puisque l’auteur n’utilise pratiquement jamais le discours indirect pour retranscrire une conversation. Les évènements s’enchainent avec clarté et il y a l’exacte quantité de description pour s’immerger dans l’univers.
J’ai apprécié le côté intemporel de l’univers et l’ambiance pleine de sérénité qui se dégage du récit. Il est étrangement reposant à lire sans jamais que la narration semble froide ou désabusée. Ce livre se distingue ainsi davantage pas l’ambiance qu’il installe que par son intrigue, hélas quasiment inexistante. Personnellement, la grande originalité du roman tient à l’utilisation du voyage dans le temps, thème cher à mon cœur. Bien souvent, les récits avec de la chronoportation mettent en scène un ou plusieurs personnages se déplaçant d’une époque à une autre. Là, c’est une armée entière qui voyage dans le temps. Je n’ai jamais vu une telle chose ailleurs. Le problème étant que l’idée, pourtant renversante et séduisante, n’est pas exploitée à son plein potentiel. En effet, même si Un long voyage est un roman tout à fait réussi dont je recommanderai la lecture, il possède néanmoins quelques défauts. 


Un titre non pertinent


Pour commencer, je pointerais la quatrième de couverture qui est trompeuse. Elle évoque un long voyage que ferait Liesse, or s’il fait bien un voyage, il n’a rien de long puisqu’il se contente de traverser un océan. Il ne fait que quitter son archipel natal pour s’installer dans une ville de moyenne importance. J’avoue que je m’attendais à suivre Liesse traverser de nombreuses contrées, être le témoin d’une foule d’évènements. Mais il n’en est rien. Il ne voit pratiquement rien de l’empire, n’a pratiquement aucune information des autorités impériales et n’a aucune implication dans les évènements. Dire qu’il sera le témoin privilégié de la chute d’un empire comme écrit dans la quatrième de couverture ne correspond pas à la réalité du roman qui montre un personnage, certes spectateur, mais avec une vision et une compréhension limitée des évènements.
Le long voyage en question ne concerne pas Liesse. Il fait plutôt mention de celui de l’armée coincée dans les limbes temporelles qui n’arrive pas à rentrer chez elle. C’est là à mon sens que réside toute la subtilité de l’ouvrage puisqu’il s’agit d’un voyage temporel et non spatial.


Un univers flou et indéfini


Force est de constater que le monde dans lequel se passe le récit fourmille de détails et semble réel. Je listerais néanmoins plusieurs problèmes :

  • l’époque est indéfinissable : il y a peu d’évocation du niveau technologique, pour ne pas dire pratiquement aucune. Je sais bien qu’il s’agit d’un monde imaginaire, seulement il manque de précisions. Par exemple, au début il est question de la construction d’un nouveau port sur l’archipel, or il n’est jamais évoqué la nature des bateaux, notamment s’ils sont à voiles, à rames ou à vapeur ;
  • une bureaucratie omniprésente : je veux bien croire que le protagoniste Liesse travaille au début dans l’administration d’une ambassade, seulement ce n’est pas la chose la plus passionnante qui soit. Il y a pléthore de titres qui sont mentionnés sans savoir à quoi ça correspond. Je trouve qu’on s’y perd ;
  • un déclin imperceptible : la quatrième de couverture dit que Liesse sera le témoin de la fin d’un empire. En tant que lecteur d’Asimov et grand admirateur de con cycle Fondation qui relate la chute lente et inexorable d’un empire galactique, j’espérais trouver chez Claire Duvivier un pendant en Fantasy. Malheureusement, il s’agit d’une promesse qui n’est pas tenue. Si le narrateur évoque effectivement à plusieurs reprises le fait que l’Empire n’existe plus à l’époque où il écrit, sa chute est à peine visible. Il n’y a aucun signe avant-coureur pendant toute la première partie sur l’île, bien au contraire, l’administration fonctionne comme une horlogerie bien huilée sans le moindre dysfonctionnement comme il pouvait y en avoir vers la fin de l’Empire romain ou de l’Union soviétique. J’ai été ainsi étonné de voir que cet empire prétendument fragile pouvait investir des sommes considérables dans la construction d’un tout nouveau port pour un archipel lointain qui n’est même pas formellement sous son autorité, de surcroît avec un intérêt commercial indéterminé. Il n’est d’ailleurs nulle part mentionné que des navires impériaux mouillent, ce qui pourrait justifier la dépense d’un point de vue militaire. À ceci on m’objectera qu’à cette époque, les évènements en Haute-Quaïma et à Solmeri, conduisant l’Empire à la perte de ces deux villes, ne se sont pas encore produits, et que c’est ce qu’il s’y passe qui précipite sa chute. Ce à quoi je répondrais que Haute-Quaïma est une ancienne capitale au fin fond des montagnes tandis que Solmeri est la capitale de la plus petite des provinces de l’Empire. Bien des empires à travers l’histoire ont perdu des villes, des régions entières, sans que cela ne conduise systématiquement à leur chute, du moins à leur disparition soudaine.

Une narration artificielle


Liesse s’adresse dès les premières pages à une certaine Gémétous. Le procédé est commode puisqu’il permet d’expliciter quantité de choses là où une narration à la troisième personne aurait été moins aisée. Toutefois, le procédé n’est pas correctement exploité. Je soupçonne Claire Duvivier d'avoir été tiraillée entre deux forces contraires consistant à s’adresser à nous, lecteur réel, et à Gémétous, lectrice imaginaire. Elle a malheureusement opté pour le réel, ce qui rend quelques passages peu crédibles :
  • Gémétous ne peut pas connaître les spécificités de l’administration de l’empire pour lequel Liesse travaille. Ce dernier n’explique jamais la fonction des personnes qui l’entourent. Que font précisément Vilherbe ou Merle ? Aucune idée. Qu’est-ce qu’une régisseuse ou un questeur au juste et qu’elles sont leurs prérogatives ? Mystère. C’est d’autant plus embêtant que le peuple dont est originaire Gémétous est décrit comme ayant une culture de juriste, donc une brève explication aurait collé. La mention des titres et du fonctionnement de l’administration sonne donc faux et on perçoit la volonté de l’auteur de dépeindre son univers ;
  • Ensuite, Gémétous est originaire de la ville de Solmeri. Bien que l’ayant quitté une longue période, elle a bien revu la ville dans son état actuel à son retour. Ce faisant, la description de Solmeri faite par Liesse n’a pas de sens. Il n’aurait pas dû la faire, ou alors indiquer qu’il n’y a pas besoin de la décrire puisque Gémétous connaît les lieux. Les descriptions n’ont ainsi pas de visée intradiégétique, mais extradiégétique en s’adressant au lecteur extérieur à l’intrigue. Ce serait comme si je décrivais Central Park à un ami habitant New York. Autre exemple, Liesse évoque à un moment un cabanon au fond du jardin de sa propriété, en disant qu’il y a désormais une grille à une ouverture, chose que Gémétous doit forcément savoir puisqu’elle a occupé la propriété en question suite à la prise de Solmeri ;
  • Liesse évoque dans le dernier tiers du livre une femme pendant les évènements qui secouent la ville et après, en particulier dans sa maison. Cette personne s’avère être précisément Gémétous à qui Liesse s’adresse. Ça n’a pas de sens d’en parler comme d’une inconnue. Si Claire Duvivier avait correctement tranché, Liesse aurait dû écrire quelque chose comme : « c’est la première fois que nous nous sommes vu » ou « j’ignore le souvenir que tu en as, mais je te revois me toucher l’épaule à ce moment ». L’auteur tente de s’arranger avec l’explication du tabou, à savoir le fait de rejeter une personne à cause de la honte que son existence induit, expliquant pourquoi il ne voyait pas Gémétous à l’époque des faits, justifiant implicitement de ne pas la nommer. Or cette explication aurait pu être évoquée justement la première fois que Liesse croise Gémétous à Solmeri. Autrement dit, on voit l’astuce littéraire employée par Claire Duvivier pour que la révélation concernant l’identité de Gémétous arrive le plus tardivement possible. 

Des éléments incompréhensibles


Le chapitre 11 est totalement nébuleux. Je n’ai rien saisi de ce qu’il s’y passe, qui sont les personnes évoquées et les faits relatés. Même en le relisant à plusieurs reprises, il m’est resté complètement impénétrable. C’est bien dommage car on sent que le chapitre a été imaginé comme apportant les révélations sur la disparition de Malvine, le fonctionnement de l’horloge qui permet le voyage dans le temps, et les circonstances ayant conduit l’armée emprisonnée dans le temps. Malheureusement, les descriptions sont trop abstraites et les faits trop confus pour saisir correctement ce qu’il se passe. Ce chapitre est la plus grande déception du roman.
Dans un autre registre, les soldats composant l’armée en provenance d’outre-temps qui assiègent Solmeri sont désignés par Liesse comme les Statues, en raison de leur apparence grisâtre. À ce moment-là du récit, j’ai naïvement cru que les soldats n’étaient pas humains. En raison d’une description très légère et d’un contexte mystérieux, à savoir le fait que l’armée détruisait certaines choses et pas d’autres selon une logique insaisissable, j’ai cru voir l’apparition dans le récit d’un élément authentiquement de Fantasy, avec des entités faites de pierres animées pas une force inconnue. J’ai donc buté dans la lecture quand finalement, les soldats sont montrés comme étant explicitement humains. J’aurais sans doute mis cette incompréhension sur le compte de mon esprit trop rationnel si l’une de mes connaissances n’avait pas elle-même pensé la même chose en lisant ce passage du roman. Aussi, je pense que Claire Duvivier a trop insisté sur le mystère au détriment de la lisibilité du récit. Récit qui là encore s’adresse plus aux lecteurs qu’à Gémétous puisque si Liesse s’adressait vraiment à elle, il aurait dû écrire « ton armée » ou « vos bataillons », « vous avez campé à l’extérieur de la cité ». Je ne pense pas que cela aurait affecté la révélation des liens entre Liesse et Gémétous pour au contraire susciter la curiosité en se demandant comment Liesse peut témoigner autant d’affection compte des circonstances décrites.


Une histoire inégale


Concrètement, il ne se passe rien pendant le premier tiers du livre. Liesse n’a aucun objectif, les deux seules fois où il exprime le souhait d’obtenir quelque chose sont quand il veut quitter l’archipel et quand il cherche son fils pendant l’invasion de Solmeri. Je ne comprends pas qu’il cherche à être affranchi de sa condition d’esclave afin de ne plus subir le tabou sur son île, sinon pour tenter de monter en grade dans l’administration de l’empire.
Quant à la fin du livre, elle laisse perplexe pour plusieurs raisons :

  • l’ennemi n’en est pas un. Claire Duvivier fait des contorsions dramaturgiques pour humaniser un peuple qui en a massacré un autre, cherchant à expliquer leur geste en raison de leur origine, de ce qu’ils ont vécu, et de leur relation particulière, en détaillant après coup leurs états d’âme. Je trouve ça irréaliste et je n’y pas cru une seule seconde. L’histoire humaine tend à montrer que les peuples ayant souffert de la domination d’un autre peuple entretiennent plutôt une rancœur féroce et tenace ;
  • après la prise de Solmeri, bonne part des survivants restent sur place en s’installant de l’autre côté de la rive du fleuve. S’ils arrivent à rebâtir un semblant de ville, la population meurt de faim, le protagoniste notamment. Je n’ai pas trouvé la situation crédible à un seul moment. Selon moi, les Solméritains auraient adopté deux attitudes : la guérilla face aux occupants pour les déloger, qu’importe leur nombre, ou la fuite. Or ils ne font ni l’un ni l’autre, en restant apathiques et se contentant de subir, voire d’accepter une nouvelle forme d’esclavage alors que la ville se targuait d’être pionnière en matière d’abolition de l’esclavage et qu’en d’autres temps les esclaves s’étaient dressés contre leurs oppresseurs. Ou alors l’ironie de la situation m’a échappé. Je m’étonne que Liesse ne décide pas de partir à l’instar de ses beaux-parents alors plus rien ne le rattache à Solmeri puisqu’il n’a ni femme ni fonction ni logement ;
  • Il n’est à aucun moment fait mention de la volonté des soldats en provenance du passé de partir à la conquête de l’Empire. Aucun indice ne permet de relier les évènements de Solmeri à la chute annoncée. En fait, Liesse n’est pas témoin de la chute d’un empire, mais seulement du tout début de son délitement, sans qu’il soit établi si ce qu’il voit scelle vraiment le sort de l’Empire.

Conclusion


Il n’y a pas de doute, Un long voyage tranche avec les autres livres de Fantasy. Malgré un début difficile, le reste de la lecture a été un vrai plaisir et j’avais hâte en journée de rentrer chez moi pour poursuivre. Je le recommande à mes amis et je suis déjà en train de lire Le sang de la cité écrit par le mari de Claire Duvivier. 
Pour autant, je n’y ai pas trouvé mon compte. J’aurais aimé voir plus d’intrigues politiques, plus d’enjeux autour du rôle de Liesse au sein de l’administration impériale, plus d’explicitation sur les éléments magiques qui interviennent. La retenue dont a fait preuve Claire Duvivier confère un aspect inabouti ou sommaire à beaucoup de choses, comme si toute l’attention portée à l’humain et aux émotions s’était faite au détriment du reste.


 

Partagez cet article :

Votre avis est forcément intéressant, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

3 mai 2023
La Millième Nuit est l’un des tous derniers titres de la collection « Une heure-lumière » (UHL) sorti chez Le Bélial le 25 août dernier. L’ouvrage collectionne quantité de qualités que je vous invite à découvrir céans.
par Ostramus 26 décembre 2022
Un peu plus d’une décennie après la sortie du premier Avatar, James Cameron propose la suite directe : Avatar, la voie de l’eau . Ce film éveille un intérêt particulier non pas en raison du succès commercial du premier opus, mais au regard du talent du réalisateur pour les suites. En effet, Terminator 2 et Aliens font autorité comme étant d’excellentes suites, parfois considérées comme meilleures que le film d’origine, chacune ayant apporté un angle différent et explorant de nouveaux aspects de l’univers. Autrement dit, je suis allé voir le second film Avatar plus par curiosité scénaristique que par intérêt pour le monde d’Avatar et son histoire qui, sans être mauvais, n’a rien de fabuleux exception faite de la technique. Le présent article divulgue tout ou partie de l’intrigue.
par Ostramus 5 septembre 2021
Pour être honnête, j’ai un a priori négatif concernant l’œuvre de Romain Lucazeau, notamment à cause de la lecture – fastidieuse – de Latium . Si j’ai adoré la quasi-intégralité des idées et des réflexions peuplant le dyptique robotique (je frétille rien qu’en repensant à la création du Limes), son exécution m’avait paru laborieuse, portée par un style amphigourique. Cela étant dit, je reconnais qu’il y avait un je-ne-sais-quoi qui justifiait le succès dont il a bénéficié, et j’avoue que ma curiosité n’eut pas besoin d’être exacerbée bien longtemps pour m’intéresser à la nouvelle œuvre de l’auteur, La Nuit du faune , publié chez Albin Michel Imaginaire , décrit par mon libraire comme « Le Petit Prince avec des neutrinos ». Si une majorité de critiques dithyrambiques en parlent en termes élogieux, le considérant comme le chef d'œuvre de la rentrée littéraire, je crains de ne pas partager la bonne vision .
par Ostramus 30 mai 2021
Et si Jafar avait de bonnes intentions et que les apparences jouaient contre lui ? Après tout, nous ne savons pas grand-chose le concernant. Dans le film d’animation de Disney sorti en 1992, il n’est jamais fait mention de sa vie passée, de ses origines ni de la nature et l’étendue de ses fonctions. L’unique chose que le spectateur sait est qu’il souhaite devenir sultan à la place du sultan. Si la quête du pouvoir est rarement perçue comme vertueuse, nous ignorons pourquoi Jafar souhaite s’en emparer et ce qu’il compte en faire. En y regardant de plus près, il est tout à fait possible d’imaginer que derrière les complots, la répartie lapidaire et une apparence sinistre se cache un être dévoué qui se soucie réellement de son prochain. Aussi, mettons un instant de côté l e rêve bleu , renversons les perspectives et hasardons-nous à accorder une seconde chance au grand vizir d’Agrabah.
par Ostramus 27 mars 2020
Un univers désigne la réalité au sein de laquelle se trouve contenue l’intégralité de ce qui existe et où se produit l’intégralité des phénomènes physiques. Il constitue pour un individu l’ensemble de ce qu’il est en principe possible d’observer, d’explorer, et de manipuler. Si cette définition n’a rien d’universel, il s’agit de la conception adoptée pour la suite du propos. Selon cette acception commune, l’univers a la propriété d’être de taille infinie et d’être régi des lois physiques identiques en tout lieu et en tout temps. En l’état actuel de nos connaissances, l’univers dans lequel nous nous situons, du moins la portion que nous sommes en mesure d’observer et d’analyser serait unique. Même si le modèle standard de la cosmologie accuse quelques lacunes et autres difficultés à unifier la mécanique quantique et la relativité générale, il n’offre pour l’heure aucune preuve de l’existence d’un univers différent du nôtre. Pour autant, il existe des théories qui s’interrogent quant à la possibilité que notre univers ne soit pas unique, mais un parmi d’autres. Il y aurait un ensemble d’univers formant un vaste multivers.
par Ostramus 11 janvier 2020
Ce qui suit est issu de la traduction d’un article d’Alec Nevala-Lee originalement publié sur le site PublicBooks.org le 07/01/2020 avec pour titre « Asimov’s empire, Asimov’s wall ». Le texte a été remanié et raccourci pour conserver essentiellement les témoignages. Isaac Asimov doit sa réputation à deux choses, il était de son vivant à la fois l’écrivain de Science-Fiction le plus célèbre au monde et peut-être l’auteur le plus prolifique de l’histoire américaine. Il avait d’ailleurs conscience puisqu’il a dit : « Nous voulons tous être connus pour quelque chose, et je commençais à voir qu’il y aurait de fortes chances que j’allais être connu pour le grand nombre de livres que je publierais, et rien d’autre ». L’auteur était également connu pour une troisième chose, à savoir qu’il avait tendance à tripoter les femmes et se livrait à des formes de contacts indésirables avec d’innombrables femmes, souvent lors de conventions, mais aussi en privé et sur le lieu de travail. Au sein de la communauté de la Science-Fiction, c’était de notoriété publique, et quantité de fans contemporains de cette époque le confirment. Le nombre de ces incidents est inconnu, mais il peut être estimé de manière plausible par centaines, et peut donc correspondre ou dépasser la longue liste de livres qu’Asimov a écrit. Il est donc possible d’affirmer que ce comportement n’avait rien d’anecdotique mais faisait partie intégrante de sa personnalité. Jeune homme, il était timide et inexpérimenté, ce qui se devine par l’absence écrasante de personnages féminins dans ses premières oeuvres. Il décrit d’ailleurs dans son autobiographie Moi, Asimov que sa relation avec sa première femme était sexuellement insatisfaisante. C’est peu de temps après son mariage que ses doigts commencèrent à vagabonder avec une certaine liberté. Quand il travaillait comme chimiste au Philadelphia Navy Yard pendant la Seconde Guerre mondiale, il aimait par exemple faire claquer la sangle du soutien-gorge des femmes à travers leurs chemisiers — « une très mauvaise habitude à laquelle je ne peux parfois pas résister encore à ce jour », se souvenait-il en 1979. Lorsque le dramaturge David Mamet a été interrogé sur sa routine d’écriture par John Lahr dans The Paris Review, il a dit : « Je dois le faire, de toute façon. Comme les castors, vous savez. Ils coupent, ils mangent du bois, car s’ils ne le font pas, leurs dents poussent trop et ils meurent ». Asimov se distinguait par un besoin similaire et qui l’a conduit à persister à mesure qu’il gagnait en renommée et qu’il côtoyait de plus en plus de femme grâce aux événements auxquels il participait. 
Plus d'articles
Share by: