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Pourquoi la téléportation est dangereuse

17 mai 2017

Nous savons peu de choses du futur. À dire vrai, l’unique certitude que nous ayons est que le prochain millénaire ne ressemblera en rien à ce que nous imaginons de nos jours. Qui donc avait bien pu prévoir dix siècles auparavant notre actuelle technologie, même la plus basique du quotidien ? De la même manière, les téléphones et les ordinateurs pourraient bien devenir obsolètes avec l’émergence d’autres modes de communication à ce point si distant de nous que c’est à peine pensable. Toutefois, notre imagination permet d’explorer les possibles. À ce titre, Star Trek nous offre un aperçu des transports de demain avec le concept de téléportation. Il est intéressant de voir l’utilisation qui en est faite même si nous sommes très loin d’avoir la technologie capable de rendre cela tangible.




Pourquoi la téléportation est dangereuse



Nous savons peu de choses du futur. À dire vrai, l’unique certitude que nous ayons est que le prochain millénaire ne ressemblera en rien à ce que nous imaginons de nos jours. Qui donc avait bien pu prévoir dix siècles auparavant notre actuelle technologie, même la plus basique du quotidien ? De la même manière, les téléphones et les ordinateurs pourraient bien devenir obsolètes avec l’émergence d’autres modes de communication à ce point si distant de nous que c’est à peine pensable. Toutefois, notre imagination permet d’explorer les possibles. À ce titre, Star Trek nous offre un aperçu des transports de demain avec le concept de téléportation. Il est intéressant de voir l’utilisation qui en est faite même si nous sommes très loin d’avoir la technologie capable de rendre cela tangible.



Vous n’êtes pas seul



Le concept de téléportation dans la Science Fiction induit la désintégration du corps humain, l’envoi d’un signal de données à un site d’arrivée, et la recomposition du corps. Théoriquement, cela semble simple, mais qu’arrive-t-il aux milliards d’organismes qui vagabondent à la surface de votre épiderme et dans vos cheveux ? Pour rappel, des milliards de bactéries pullulent à la surface de notre corps, des champignons se développent entre les orteils sans compter les acariens et autres créatures invisibles à l’œil nu et dont nous n’avons pas spécialement conscience. La série Star Trek ne s’est jamais étendue, si ce n’est en évoquant qu’il n’y avait qu’un faisceau de téléportation par être vivant. À moins d’une procédure drastique de décontamination, impossible de s’en défaire complètement si bien que toutes ces créatures voyagent également a priori si une personne se téléporte. Seulement, rien n’assure que le processus responsable de la recomposition fasse réapparaître chaque organisme distinctement. La perspective de faire voyager plusieurs entités ensemble n’est en absolu guère alléchante au regard du résultat obtenu par Jeff Goldblum après qu’une mouche se soit glissée dans sa machine à téléporter… Cela demande un sacré tour de force pour imaginer quel genre de créature sortirait de la machine si nous fusionnions avec des milliards de bactéries…




La puissance de calcul nécessaire serait cyclopéenne



Le concept de désintégration, de transmission et de réintégration constitue un processus extrêmement complexe qui ne peut être accompli qu’à l’aide d’une machine. Une machine d’une extraordinaire précision, et naturellement, d’une extraordinaire complexité. Contrairement à un courriel qui consiste à envoyer une information pouvant être réduit à une suite binaire, la téléportation implique l’envoi de matière, en l’occurrence, tous les atomes de votre corps et toutes les connaissances contenues dans votre cerveau. Dans un cadre informatique, un humain se résume à 909 pétaoctets de données. Pour rappel, un pétaoctet équivaut à un million de gigaoctets, si bien qu’il faudrait à peu près un million de disques durs de 1 To pour stocker l’information d’une seule personne. Histoire de se représenter l’ordre de grandeur en présence, Facebook, qui compte environ un milliard d’utilisateurs, prétend utiliser 30 pétaoctets répartis sur des milliers de serveurs à travers le monde, soit 30 fois moins que le minimum nécessaire pour un unique individu. Ne parlons pas de l’énergie nécessaire pour alimenter toutes ces machines…


La question ne porte pas tellement sur le stockage que sur la capacité à traiter ces données, les organiser, et les transmettre, sans la moindre perte d’information ni le moindre délai puisque le principal intérêt de la téléportation réside dans son instantanéité. Il faudrait des ordinateurs d’une puissance de calcul dépassant l’entendement, et qui ne souffrent aucun dysfonctionnement.



L’énergie utilisée pourrait détruire le monde



La phase de désintégration du corps humain dégagerait une énergie approchant celle d’un millier de bombes à hydrogène dans un même instant. Inutile de repartir dans des comparaisons, l’habile lecteur aura compris la puissance, et naturellement, le danger que cela représente, même si l’esprit humain peine à concevoir concrètement ce que cela représente. Convertir de la masse en énergie n’est pas chose aisée, et les nombres en présence suffiraient à vaporiser le système solaire à la moindre panne, ou la moindre utilisation malveillante. Peut-on prendre ce risque simplement pour s’épargner quelques heures d’avions ?



La transmission du signal ne pourrait jamais être parfaite



Lors d’une tempête ou de conditions météorologiques particulières, un signal transmis perd en puissance et en qualité selon la distance à parcourir æ la quantité d’information à envoyer. La même problématique se poserait également dans le cas de la téléportation. Qui sait si le sursaut gamma d’un trou noir, une vague de neutrinos ou une inflexion locale de la gravitation ne pourrait pas affecter la transmission des informations d’un point de l’espace à un autre ? La téléportation fait donc fi du phénomène d’absorption du signal. Ce n’est qu’un des problèmes auxquels la téléportation se confronte pour obtenir une transmission limpide d’un point à un autre, car il y a également le problème de la sécurité. Fardons à l’esprit qu’il est question de la transmission de l’intégralité d’une personne, donc il demeurerait un risque qu’une personne malveillante entende intercepter le signal pour reconstituer à son profit les informations du cerveau ou la parasiter à dessein de nuire au sujet téléporter et rendre sa recomposition incertaine. En outre, ce sont les coordonnées d’arrivée qui pourraient être manipulées. Une seule petite variable et le voyageur peut se retrouver à des kilomètres de son point d’arrivée prévu. Inutile de s’étendre sur les dangers que représente le fait de se dématérialiser au même endroit qu’une autre personne, un arbre ou un mur…



Meurtre et clonage déguisé


En considérant que tous les obstacles techniques à la téléportation soient franchis, le fait est que la personne qui apparaîtra au point d’arrivée ne sera pas exactement l’original, ce dernier ayant soit été perdu ou purement détruit. En d’autres termes, une machine à téléporter désintègre une personne à un endroit pour recréer une copie ailleurs. Quand bien même la transmission du signal ne subirait aucune altération et que le sujet serait parfaitement reconstitué, il n’y a aucune garantie que le corps en présence soit doté des mêmes souvenirs que l’original. En effet, rien n’indique que la conscience tient seulement à un agencement particulier d’atomes, et à supposer que l’âme existe, nous ignorons ce qu’elle deviendrait.

Néanmoins, en mettant de côté ces considérations philosophiques, il convient de s’interroger sur ce qui se produirait en case de mauvaises instructions, de manipulations malhabiles ou de dysfonctionnement des données. Que se passa-t-il si la machine tombe en panne pendant la transmission des données ? Le sujet est-il reconstitué à l’aire de départ ou demeure-t-il à l’état d’information dans une mémoire tampon ? Dans le premier cas, le voyageur a donc été tué pendant un court moment, et dans l’autre, il a été sauvegardé en vue de recomposition future. Or, si une machine est capable de stocker en mémoire une personne pour la recréer, rien n’empêcherait de recomposer plusieurs fois le sujet, pourquoi pas à copier plusieurs endroits différents. La téléportation s’apparente ainsi en réalité à une machine à dupliquer, avec tout un volet éthique à penser derrière qui n’a jamais vraiment été exploré par la Science Fiction.
Altération de la réalité

Un aspect souvent ignoré de la Science Fiction est les conséquences psychologiques de la technologie. La téléportation ne provoquerait rien de moins qu’une perception dévoyée du monde, voire de l’univers en rendant l’esprit inapte à appréhender les distances et le temps puisque tout serait accessible dans l’instant. En admettant que la téléportation règle les problèmes précédents et qu’elle s’impose comme pratique courante, les gens concevraient une frustration bien plus grande dans des situations demandant de la patience. La société deviendrait peuplée d’individus impatients, susceptibles, sans conception fiable du temps et de l’espace.


Un procédé fondamentalement inutile


La téléportation repose sur le postulat qu’il est possible de transmettre une information instantanément sur de très grande distance. Il s’agit d’un problème récurrent en Science Fiction, à savoir une idée si puissante qu’elle nécessite d’être volontairement réduite. Ainsi, il n’est pas possible de téléporter au-delà de 40 000 kilomètres dans Star Trek ou de transporter de l’or en raison de la trop grande masse atomique du métal (sauf qu’ils téléportent pourtant du plomb par ailleurs…). Des règles arbitraires émanent de l’écrivain ou du scénariste pour exploiter une belle idée, faute de quoi, un soupçon de réalisme ruine l’aventure.

En effet, s’il est possible de transmettre une information sans délai où que ce soit, cela engendrerait théoriquement un univers où les vaisseaux spatiaux n’auraient plus d’utilité, comme toute autre forme de transport. Une civilisation capable de mobiliser autant d’énergie pour véhiculer de la matière sans intermédiaire n’aurait de toute manière pas grand intérêt à se déplacer ou à exploiter des mondes distants puisqu’il lui suffirait de synthétiser les ressources dont elle a besoin grâce à la transmutation, sinon de téléporter les ressources d’autres planètes sur leur monde sans bouger d’un iota. Toujours en respectant le postulat de l’information transmise instantanément, la téléportation n’aurait pas d’intérêt pour le danger que représente le fait d’explorer un autre monde avec les risques sanitaires que cela présente. Il suffirait d’envoyer à la surface des avatars robotisés des membres de l’équipage, pilotés à distance sans avoir recours à une intelligence artificielle, pour explorer sans danger d’autres mondes, ou dans une moindre mesure, suffire à traiter les affaires que nécessite le trajet vers un autre pays.

La téléportation se résume à un aimable fantasme qui pourrait augurer des intrigues autrement plus complexe et intrigante que les facilités scénaristiques trop souvent utilisées par les œuvres de Science Fiction grand public. Heureusement que des gens comme Orson Scott Card savent habilement utiliser le concept d’ansible pour en faire un élément narratif absolument remarquable…

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