Adoncques, le gouvernement entend mettre en application la réforme de l’orthographe de l’Académie française qui date de 1990. Sciemment ignorée de la part des médias et du monde de l’édition, les nouvelles règles peinaient à entrer en vigueur par opposition de la part des enseignants, des éditeurs, et plus largement des Français, traditionnellement réfractaires aux changements.
Tâchons de se pencher sur la question de manière dépassionnée. Il se pourrait que cette réforme soit au contraire la bienvenue.
L’Académie française
Il est fréquent de se moquer de cette institution, notamment du grand âge de ses membres, pourtant elle sert bien à quelque chose. Le rôle de l’Académie n’est pas que de rédiger un dictionnaire de langue française, mais également de normaliser les règles de grammaire et d’orthographe. Il convient ainsi de rappeler combien notre langue a gagné en clarté et notoriété suite à la création de l’Académie française au XVIIe siècle.
Ainsi, il est bon signe de voir que la langue évolue, que nous ayons conscience de ses incohérences et autres anomalies, pour tenter de les corriger et rendre la langue moins complexe sans pour autant nuire à sa beauté.
Harmonisation
Les détracteurs de cette réforme dénoncent un nivellement par le bas, pour normaliser les erreurs courantes et s’adapter à la médiocrité. La réalité est tout autre. D’abord, ces rectifications sont mineures : sur les plus de 100 000 mots que compte la langue française, environ 2 000 mots sont touchés par cette réforme. Il y a encore beaucoup d’occasions de faire des erreurs. Mais surtout ces rectifications ne visent pas la simplicité, elles visent l’harmonie.
Prenons l’exemple des mots souffler et boursoufler. Une simplification voudrait d’employer un seul f. Pourtant, l’Académie française préscrit désormais deux f à boursouffler, pour demeurer cohérent avec la famille du mot souffler : souffle, soufflet, essoufflé… boursouffler. Les rectifications relèvent de ce même objectif, tout comme les rectifications des siècles précédents.
Faciliter l’apprentissage
En France, un tiers du temps à l’école élémentaire est dévolu à l’apprentissage de la maîtrise de la lecture et de l’écriture, contre un quart pour les autres pays européens (exception faite de l’Allemagne). Le français compte 190 graphèmes pour 35 phonèmes alors que l’italien a 33 manières d’écrire 25 sons. Cette complexité expliquerait pourquoi la France compte plus de dyslexiques que dans les autres pays latins, l’Italie en ayant dix fois moins qu’aux États-Unis.
Une modification des mots les plus complexes ou à l’orthographe la plus singulière ne vient pas amoindrir une langue. Cela participe au contraire à sa fluidité et à une meilleur compréhension, notamment par ceux qui apprennent qui intègrent une logique et non des règles idiomatiques se souciant plus de l’étymologie que du sens.
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