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Comment faire de bonne description

12 août 2013

Description statique



Je distingue deux formes de descriptions, la statique et l'active. La première montre la scène comme si le lecteur voyait une photographie du lieu. Il ne se passe rien, ce n’est que la découverte du lieu. En effet, la DF sert principalement une seule fois, pour montrer une première fois au lecteur comment sont les éléments du récit. Après, il n’y a plus véritablement besoin de refaire une description car le lecteur se sera fait une image mentale.


Exemple : « La cabane siégeait au sommet d’une colline escarpée, en aplomb d’un paysage en souffrance, défformé par la colère géologique. »



Description active



Disons qu’au lieu de faire une description de l’environnement, l’auteur montre des choses qui sont en mouvement dans la scène. Elles sont en complément de la DF, et ne doit pas, à mon sens, la remplacer. Du moins pour des débutants. Cela permet de donner plus de vie et de dynamisme, d’installer une ambiance.


Exemple : « La voix désincarnée du métro annonça l’Hôtel de Ville et le groupe de lycéens descendit de la rame en riant. »



L’action/mouvement



Ce sont les actions qui se produisent à un moment donnée. Les actions forment un ensemble qui participent à la narration, mais n’est pas de la narration. Je sais que ça peut paraître similaire à la DM, mais la différence réside dans l’implication des personnages. La DM montre des choses en action autour du personnage, tandis que l’AM montre de l’action auquelle participe le personnage, ou dont il est responsable.


Exemple : « Une bombe explosa, et Pierre courut se mettre à l’abri derrière un mur en béton. »


A présent qu’ils sont différenciés, j’aimerais donner plusieurs astuce pour mieux construire un texte. Il faut savoir faire une alternance entre la description et l’AM. Un petit exemple :


« Bob mangeait de la tarte flambée. Il adorait ce goût délicat qui faisait naître en lui la nostalgie de son enfance, si loin à présent. » ou « La chaleur l’accablait depuis des jours. Le soleil semblait ne jamais vouloir se coucher ici, dans les terres de feu de l’archipel sombre. Bob tenta de se rafraîchir, et but la dernière gorgée de sa gourde. »


Voyez, c’est soit l’un, soit l’autre qui commence, mais il est préférable, en tout cas pour ceux qui commence dans l’écriture, de suivre ce genre de schéma très simple. Généralement, il est préférable que l’un soit plus long que l’autre, afin que : soit l’action prenne toute son ampleur, soit que la description marque plus le récit. C’est une sorte de cause à effet.


Je rajoute au passage que dans la description statique il y a la description descriptive (ne riez pas s’il vous plait) et la description explicative. La première montre, et l’action en découle. Le seconde explique, et elle découle de l’action. Ainsi, on comprend la logique du texte, qui est visible dans les exemples. Le premier passage contient une description explicative, elle montre ce que ressent Bob après avoir bu. Le second passage est de la description descriptive qui montre un scène, et l’action en découle car comme il fait chaud Bob va boire, ce qui donne presque une action explicative.


« La jeune femme sourit enfin et de fait sembla perdre plusieurs années, leur passion commune pour Shakespeare les avait rapproché au début et c’était elle qui lui avait donné le surnom qui lui était resté. »


Ce petit paragraphe est un bon exemple de ce que je viens de dire (c’est un extrait d’une nouvelle d’un ami, et je le mets car il est révélateur de beaucoup de choses). Ce qui ne vas pas c’est que ça mêle plusieurs structures : l’action (elle sourit) et de la DF (la passion commune). Une refonte permet de voir en quoi ça cloche :


« Elle sourit enfin, ce qui la rajeunissait. Leur relation prenait source dans leur passion commune pour Shakespeare qui les avait rapproché au début. Ils s’étaient ainsi donné mutuellement des surnoms, ce qui les amusait beaucoup. »


Je vais expliquer le fonctionnement de ce petit paragraphe. Premièrement, « jeune femme » est transformé par « elle », car il y a une incohérence. Il est mentionné d’abord « jeune », pour ensuite dire que son sourire lui faisait perdre plusieurs années. Si elle est jeune, il est difficilement concevable qu’elle le paraisse davantage. Le « elle » supprime ce problème et allège la phrase. Pour ce fait, « de fait sembla perdre plusieurs années » a été modifié, comme c’est DM, il faut la condenser car c’est quand même une forme d’action.


Ensuite, la phrase n’allait pas puisque le lien entre le fait qu’elle sourit et leur passion n’était pas bien établie, trop implicite pour être équivoque. La phrase a donc été coupée pour en faire deux et ainsi séparer l’action de la description. Celle-ci venant en explication pour quoi elle rit. Dans un premier temps, on expose leur passion commune pour Shakespeare, pour ensuite dire ce qui l’a fait sourire, qui vient en petite conclusion de ce paragraphe.


De plus, une autre des règles d’or que je m’efforce d’appliquer en ce qui me concerne, c’est d’éviter les verbes ternes. Ils sont au nombre de trois : être, avoir, faire. Donnant, il était sur une chaire, il faisait beau, il avait crié … C’est laid. Il vaut mieux des verbes francs comme manger, s’avancer, étudier. Bien sûr, ils ne peuvent pas toujours être supprimé, mais on peut quand même réussir à en enlever, comme ici.


Alors, je sais très bien que la refonte n’est pas du meilleur cru, que ça peut paraître dérisoire, mais je tenais à montrer le genre de logique qu’il facile à créer, pour rendre le tout plus vivant.


 
Structuration
 

Le maître mot dans la description, c’est la structuration. Quand un texte commence à prendre de la longueur, il faut se montrer habile et donner une cohérence. La manière la plus sûr de décrire, c’est de commencer du général, pour aller au particulier.

Exemple : « La cabane siégeait au sommet d’une colline escarpé, en aplomb d’un paysage en souffrance, défformé par la colère géologique. (DF) Je pénétrais sans mal dans la demeure en bois (AM) pour découvrir à l’intérieur un petit salon, largement ouvert sur l’horizon qui brillait d’un soleil blafard. Le vent s’engouffrait par les vitres aux verres cassés, faisant danser des feuillets sur le sol et les étagères. (DM) Plusieurs livres ouverts trônaient sur des meubles aussi en bois, griffé par le temps. J’appellais le professeur, en vain (AM) ; ce qui ne me surpris guère. Burakh était un homme plein d’énigme, l’un de ceux qui prend un malin plaisir à se jouer de ses invités. J’explorais ainsi davantage les lieux dans l’espoir de le débusquer et tournais une porte. C’est alors qu’une violente douleur saisi mon abdomen au moment où je gagnais son bureau. (N) »

On voit bien l’alternance de description et d’action. Le type arrive et voit la cabane, on a vu ce qu’il y avait à voir donc on entre, ce qui l’action. Puis, une fois dedans, on remet de la description pour montrer ce qu’il y a. Après le type va évoluer dans ce décor, soit en poursuivant la description car il explore, soit en mettant de l’action car il va intéragir avec, ce qui est le cas ici puisqu’il appelle le professeur. Et c’est alors reparti pour une description du professeur. La description sert la narration, pas l’inverse.

Je viens de montrer comment placer les descriptions et l’action. Seulement après, il faut les doser. Là, il s’agit de faire un travail plus approfondi sur le style, pour lui donner du rythme. En général, les phrases courtes servent pour accélérer le rythme et marquer l’action, ce qui avale le lecteur. Les longues, servent plus à la narration, et/ou pour la description. Le plus difficile est de les imbriquer tout en conservant la structuration.

Prenons ce passage :

« Alkion n’avait jamais rien ressenti de comparable.

Dès l’instant où il avait pénétré dans le palais de glace, cette impression s’était imposée à lui. Ce n’était pas simplement l’émerveillement qui l’avait saisi à la vue de cette époustouflante structure, bien qu’une telle réaction fût déjà étrange : il avait visité des bâtiments à l’architecture bien plus impressionnante, sans pour autant leur vouer une telle admiration. Mais son sentiment dominant allait bien au-delà ; il n’avait rien à voir avec la beauté du décor. […]

Sa progression était peu à peu devenue irréelle. Il n’avait plus conscience de ses pas, ni d’Olaf à côté de lui, il ne sentait plus la glace sous ses pieds, ne voyait plus les murs autour de lui, n’entendait plus la voix d’Ana. Il ne savait même pas s’il continuait à l’appeler pour trouver son chemin ; elle n’avait d’ailleurs plus aucune importance. Tout n’était plus que ténèbres, des ténèbres régnant autour de lui, à l’infini. Et devant lui, une lumière. Toujours plus proche. Son seul et unique but. »

Le premier paragraphe est de la description pure et dure. L’auteur décrit les lieux, c’est ce que l’on voit. Le passage est d’ailleurs très bien tourné puisqu’il y associe même les pensées du personnage. Cela enrichit considérablement le récit, mais surtout, cela captive le lecteur. Ce dernier s’identifie au personnage, donc quand le personnage voit et ressent, c’est le lecteur qui voit et ressent. Mais ce premier paragraphe est intéressant sur la forme : les phrases sont longues. Seulement, il manque quelques adjectifs, pour alourdir. Oui, alourdir, pour ralentir le rythme, et immerger le lecteur qui imprime plus efficacement dans sa tête les images qu’il se crée.

Le second paragraphe est de l’action. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les phrases sont courtes, ou alors découpées par des virgules. Ça précipite l’action, et crée de la vitesse dans la lecture. L’absence d’adjectifs et d’adverbes ici est parfaite car ainsi on ne s’encombre pas de superflu. Il n’y a que les faits.

Pour résumer donc. Structurer le texte. Placer la description avant l’action, comme ça les personnages évolue dans un décor que le lecteur connaît. Proportionner la description en fonction de l’action : lorsqu’ils sont imbriqués l’un doit être plus grand que l’autre. Tandis que quand ils se suivent, il faut moduler le rythme. Eviter les verbes ternes et les clichés en variant le vocabulaire.

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