Les clés de l’écriture #5 - Respectez la cohérence, développez la vraisemblance
18 octobre 2016
— CLÉ # 5 —
Respectez la cohérence,
développez la vraisemblance
La crédibilité est la pierre angulaire de l’écriture. Juste avec la crédibilité, vous pouvez emporter le lecteur dans votre univers. Si elle s’étiole, le récit devient creux et l’attention du lecteur décroît. Construisez la crédibilité de manière inébranlable. Apprenez à vous démarquer d’autres œuvres en identifiant leurs contradictions de sorte à ne pas les reproduire. Soyez toujours vigilant quant aux incohérences potentielles et corrigez-les avant toute publication. Tout doit concourir à empêcher le lecteur à sortir du récit s’interroger sur la cohérence d’un élément de l’histoire.
Les personnages qui peuplent votre histoire, y compris les moins importants, participent à la vraisemblance du récit : leur personnalité doit recéler certains aspects même s’ils ne servent pas directement l’intrigue. L’impossibilité de vraiment bien les connaître pourrait être troublant, si l’on y réfléchit bien, puisque cela signifie qu’il nous est impossible de s’identifier à tous. Alors le lecteur ne cherche pas à les connaître en profondeur pour se contenter des grandes lignes. La caractérisation fonde l’image qui émane de tout personnage, ce qui nécessite de travailler en amont leur apparence, et des détails propres à chacun : vêtements, attitudes, paroles, système de valeurs… Quant au comportement, inutile de verser dans le complexe ou l’original, la logique entre leurs actes et leur personnalité constitue le baromètre de presque toutes les appréciations. Un faux pas, une attitude qui ne colle pas avec une présentation antérieure, un soudain revirement sans raison ou une idée insolite d’un personnage peuvent s’avérer désastreux pour la narration.
C’est la raison pour laquelle il est extrêmement important d’établir et de maintenir une cohérence que vous avez forgée de toutes pièces. Tout manquement expulse le lecteur du récit. Cette attention vous prémunira du danger de personnages archétypaux, empêchant les lecteurs de devenir tous les aspects d’un personnage en particulier sans être pour autant circonspects en cas d’orientation incongrue de l’action. L’astuce consiste à forger l’illusion que le lecteur connaît les personnages afin de lui laisser la latitude d’anticiper certains rebondissements. Cela vous donnera aussi une certaine maîtrise de la manière dont les personnages sont perçus : il s’agit d’un atout majeur.
Commencez par vous construire une intrigue crédible, qu’elle brille d’originalité, de subtilité ou d’inventivité. Cette qualité vous distinguera des autres et émerveillera le lecteur. Puis explorez et exploitez les possibles en prenant toujours soin de respecter le cadre établi en amont, à la manière d’une élégante démonstration qui suit les postulats. Du reste, les éléments de l’univers comme les interactions de l’univers doivent fonctionner en harmonie avec la logique élaborée. Si le lecteur ne comprend pas l’univers ou est troublé par un élément discordant, il ne pourra pas rentrer dans l’histoire, et encore moins l’apprécier.
Une solide cohérence accroît la crédibilité du récit et permet d’avoir une histoire passionnante sans nécessairement s’adonner à une intrigue complexe ni avoir besoin de multiplier les rebondissements. Elle s’avère une alliée de poids pour inspirer chez le lecteur de l’intérêt, de la surprise, et surtout, du plaisir. Évertuez-vous à ce que la narration soit simple et fondée sur une seule solide qualité. Cet unique talent de vraisemblance et d’efficacité s’inscrit dans le processus d’appropriation du récit par le lecteur, qu’il voudra faire sien le temps de sa lecture.
N’allez jamais trop loin dans le degré de complexité de votre histoire, car cela provoque des incohérences en attirant l’attention du lecteur sur des détails qui pourraient être retirés. Quand votre univers est solidement établi, préférez l’équilibre à la richesse. Des personnages simples aux interactions subtiles, et inversement des personnages longuement élaborés portant un récit limpide, forgent chez le lecteur un sentiment de vraisemblance et suspendre un instant sa crédulité pour plonger dans votre univers.
La cohérence est un trésor sur lequel il faut veiller sans cesse. Particulièrement lorsque vous commencez à écrire ; vous devez suivre la logique interne avec rigueur et anticiper toutes les contradictions et les illogismes. Une fois qu’elle est solide, ne vous laissez pas allez à la facilité en cas de panne d’inspiration : cela révélerait d’un manque d’imagination et relecture. Au lieu de cela, respectez les règles de votre monde et ne tentez jamais de les contourner pour une scène isolée. A contrario, le fait de réviser les bases de son univers est un puissant instrument, surtout si vous avez trop d’éléments discordants et un récit suffisant souple pour supporter un tel changement. Il y a parfois plus à perdre à s’obstiner dans une idée plutôt que de revenir à la toute première et aplanissant certains aspects de l’intrigue. Mais cette méthode doit être pratiquée avec précaution ; vous ne devez pas revoir toute l’architecture du récit à chaque difficulté pour le faire tenir. Faute de développer ce qui est déjà en place, vous risquez de démolir tout ce que vous avez édifié jusqu’à présent.
- Clé # 1 – Ne troublez jamais le lecteur.
- Clé # 2 – Ne vous contenter pas du protagoniste, utilisez l’antagoniste.
- Clé # 3 – Dissimulez vos intentions.
- Clé # 4 – Dites-en toujours moins que nécessaire.
- Clé # 5 – Respectez la cohérence, développez le cohérence.
- Clé # 6 – Captez l’attention à tout prix.
- Clé # 7 – Faites fonctionner l’imagination du lecteur.
- Clé # 8 – Développez l’intrigue dans un cadre.
- Clé # 9 – Le protagoniste triomphe par ses actes, non par son verbe.
- Clé # 10 – Ciblez le malheur et soignez les interactions.
- Clé # 11 – Rendez les autres personnages indispensables.
Partagez cet article :

Début septembre 2025, un débat s’est tenu entre Oliver Bonnassies, prédicateur catholique qui officie à la tête de la revue 1 000 Raisons de Croire , et Alexandre de Chavagny, un irréductible athée qui tient la chaîne YouTube éponyme . La rencontre avait pour thématique « La question du mal et de la souffrance ». Au cours de l’échange, Olivier Bonnassies a évoqué l’écriture des scénarios pendant sa présentation liminaire en illustrant son propos avec une infographie présentant la structure d’une histoire.

Un peu plus d’une décennie après la sortie du premier Avatar, James Cameron propose la suite directe : Avatar, la voie de l’eau . Ce film éveille un intérêt particulier non pas en raison du succès commercial du premier opus, mais au regard du talent du réalisateur pour les suites. En effet, Terminator 2 et Aliens font autorité comme étant d’excellentes suites, parfois considérées comme meilleures que le film d’origine, chacune ayant apporté un angle différent et explorant de nouveaux aspects de l’univers. Autrement dit, je suis allé voir le second film Avatar plus par curiosité scénaristique que par intérêt pour le monde d’Avatar et son histoire qui, sans être mauvais, n’a rien de fabuleux exception faite de la technique. Le présent article divulgue tout ou partie de l’intrigue.

Pour être honnête, j’ai un a priori négatif concernant l’œuvre de Romain Lucazeau, notamment à cause de la lecture – fastidieuse – de Latium . Si j’ai adoré la quasi-intégralité des idées et des réflexions peuplant le dyptique robotique (je frétille rien qu’en repensant à la création du Limes), son exécution m’avait paru laborieuse, portée par un style amphigourique. Cela étant dit, je reconnais qu’il y avait un je-ne-sais-quoi qui justifiait le succès dont il a bénéficié, et j’avoue que ma curiosité n’eut pas besoin d’être exacerbée bien longtemps pour m’intéresser à la nouvelle œuvre de l’auteur, La Nuit du faune , publié chez Albin Michel Imaginaire , décrit par mon libraire comme « Le Petit Prince avec des neutrinos ». Si une majorité de critiques dithyrambiques en parlent en termes élogieux, le considérant comme le chef d'œuvre de la rentrée littéraire, je crains de ne pas partager la bonne vision .

Et si Jafar avait de bonnes intentions et que les apparences jouaient contre lui ? Après tout, nous ne savons pas grand-chose le concernant. Dans le film d’animation de Disney sorti en 1992, il n’est jamais fait mention de sa vie passée, de ses origines ni de la nature et l’étendue de ses fonctions. L’unique chose que le spectateur sait est qu’il souhaite devenir sultan à la place du sultan. Si la quête du pouvoir est rarement perçue comme vertueuse, nous ignorons pourquoi Jafar souhaite s’en emparer et ce qu’il compte en faire. En y regardant de plus près, il est tout à fait possible d’imaginer que derrière les complots, la répartie lapidaire et une apparence sinistre se cache un être dévoué qui se soucie réellement de son prochain. Aussi, mettons un instant de côté l e rêve bleu , renversons les perspectives et hasardons-nous à accorder une seconde chance au grand vizir d’Agrabah.

Un long voyage de Claire Duvivier, publié Aux Forges de Vulcain est déjà sorti il y a un moment et il a connu un joli succès dans le petit monde de la littérature de l’imaginaire au regard des nombreux articles le concernant. Toutefois, certains aspects n’ont pas été évoqués, du moins à mon sens certains qui ont capté mon attention et qui soulèvent quelques questions. Aussi, je me suis fendu à mon tour d’un billet. La différence étant que je vais détailler l’entièreté de l’ouvrage et évoquer des éléments de l’intrigue. Cette critique s’adresse ainsi davantage à ceux qui l’ont lu qu’à ceux qui prévoient de le lire.