Mise en page du blog

Comment écrire un combat en Fantasy

sept. 12, 2011

La chorégraphie



Au début, il convient de s interroger sur ce que l on veut raconter. Qui se bat ? Pourquoi ? Où ? Qui sait quoi ? Quelles sont les compétences des personnages en présence ? Qui va mourir bravement et avec honneur ? Qui va crever comme un pauvre mec ? Le méritent-ils ? Qu apporterons à l histoire la mort d untel, la fuite d un autre, la survie d un troisième ? Qui va être blessé ? Qui est un traître ? Qui est loyal ? Quel est le style de combat de chacun ? En d autres termes, quel est le contexte et à quelle situation veut-on aboutir ?


Ces questions sont essentielles, car elles permettent d éviter les incohérences : un faible défonçant des ennemis par dizaines, un personnage courageux qui s enfuit, un personnage changeant d arme au court du récit sans qu on comprenne comment, un type qui débarque de nulle part, un allié secret des méchants qui les extermine, etc… Les tenants et les aboutissants doivent être clairs pour que tout se tienne.


Deuxièmement, il faut décider ce qui va se passer en détail : chaque personnage en présence doit agir comme ses caractéristiques le veulent, mais le tout doit s inscrire dans un schéma si possible original et jouissif pour le lecteur. Par exemple, raconter une quarantième escarmouche avec les sbires du même grand méchant, pour qu ils soient tous massacrés et que le héros poursuive son chemin, ne sert à rien. L introduction de créatures singulières, de nouveaux personnages, de coups de théâtre… va intéresser le lecteur. La scène d action se doit d être originale par rapport aux autres. Il faut donc varier les plaisirs au fil du roman : duel à l épée, poursuite, baston générale à mains nues, échange de tirs, combat aérien, chasse aux monstres… on peut alors bâtir une chorégraphie dans laquelle les différents personnages enchaînent des coups et des figures. Il faut absolument éviter que les personnages fassent toujours la même chose : « Hawk poignarde un ennemi, puis poignarde un ennemi, puis poignarde un ennemi, puis en poignarde un autre, et encore un, et puis un autre, et ensuite un dernier. » Il faut faire s alterner les attaques, les parades, les esquives, les coups d épée, de poing, de pied, de tête, de coude, de genou, les sauts périlleux, l usage des boucliers et des armures, les utilisations du décor… Dans le cas d une bataille avec plusieurs personnages principaux, aucun personnage ne doit être oublié trop longtemps. Il faut penser à mettre les personnages en difficultés, à leur faire perdre leurs armes et utiliser tout ce qui leur passe sous la main, et faire intervenir la magie »


On obtient donc un schéma assez clair de ce qui va se passer, reste à l écrire correctement.



La stylisation


Deuxième étape plus difficile, mais facile si on a les outils. Il faut commencer par bannir toutes les lourdeurs, le vocabulaire pauvre ou peu élégant et les répétitions, mais sans tomber dans l excès de préciosité non plus.

Les répétitions : principalement sur les noms et les armes, il faut donc trouver des synonymes qui si possibles apportent des informations. Un personnage peut être appelé par son nom, sa fonction ( garde = soldat = militaire, brigand = bandit = maraudeur, chevalier = homme d armes), ses particularités s il est le seul à les posséder ( l homme à la cicatrice, le grand, la jeune femme, l homme en noir), son espèce s il en est le seul représentant en présence ( l Elfe de tout à l heure). Pour les armes, on peut varier aussi. Premièrement, en donnant des armes différentes aux personnages, ce qui évite de trop répéter et permet également de renforcer leur identité ( si un seul homme a une hache, quand on dit « la hache siffla » on sait que c est de lui qu on parle). Il existe de nombreuses armes à utiliser à loisir : épée, sabre, cimeterre, couteau, dague, poignard, fléau d armes, masse d armes, massue, lance, pique, fourche, hallebarde, bâton, hache, hachoir, scie, dents, griffes, tomahawk, arc, arbalète, etc… De plus, on peut utiliser des synonymes pour toutes : « lame », « arme », « pointe d acier ». Synonymes de « coup » : « attaque », « assaut », « botte »…

Il convient de faire la chasse aux formulations lourdes : éviter les phrases trop longues et à rallonge, changer les expressions lourdes comme « ce qui eut pour effet » ou « après avoir fait cela » et les remplacer par « qui », « puis »…

Enfin le vocabulaire doit être enrichi : « tuer », « donner un coup », « décapiter », « arrêter un coup », « sauter » n ont pas leur place dans ce genre de texte. On leur préférera : « abattre », « transpercer », « déchirer le flanc », « enfoncer sa lame dans le ventre de », « trancher la gorge / la tête », « frapper », « abattre son arme », « décocher un coup », « déchaîner ses coups », « se fendre », « parer », « esquiver », « contrer », « bloquer », « éviter », « bondir », « réaliser un saut périlleux », « se jeter sur »…

Il faut ensuite songer à ajouter des détails sur les lieux ( ici, l herbe de la clairière), l ambiance sonore ( le chocs, les râles d agonie, les cris) et visuelle ( le sang, la confusion), la météo, l aspect des personnages et des armes…

On obtient un combat bien rédigé.

Ce sont les grandes lignes. Il faut cependant penser à personnaliser la scène en fonction de ses goûts, à trouver des idées sympas et originales pour le contexte comme pour le déroulement, et s adapter à la situation : dans une bataille, on ira d un personnage à l autre tandis que dans un duel, comme on se concentre sur deux personnages, on déploiera toutes leurs ressources et on rajoutera un accent sur leurs sentiments pour ne pas trop se répéter.


Astuce


Pour donner un impression de longueur sans décrire tout pendant des pages, on peut utiliser des descriptions dynamiques à l imparfait comme « Nullement gêné par son manteau, il semblait réaliser une chorégraphie mille fois répétée, tourbillonnant avec grâce dans les rangs des Wolks, bondissant par-dessus ses ennemis, se dérobant à chaque coup, sans cesser d abattre son sabre sur les monstres ni de moduler un Chant qui soulevait autour de lui un nuage de neige protecteur ».

C’est tout ce que j avais à dire. Le reste est une simple question de style, de talent et d’imagination !

Partagez cet article :

Votre avis est forcément intéressant, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

03 mai, 2023
La Millième Nuit est l’un des tous derniers titres de la collection « Une heure-lumière » (UHL) sorti chez Le Bélial le 25 août dernier. L’ouvrage collectionne quantité de qualités que je vous invite à découvrir céans.
par Ostramus 26 déc., 2022
Un peu plus d’une décennie après la sortie du premier Avatar, James Cameron propose la suite directe : Avatar, la voie de l’eau . Ce film éveille un intérêt particulier non pas en raison du succès commercial du premier opus, mais au regard du talent du réalisateur pour les suites. En effet, Terminator 2 et Aliens font autorité comme étant d’excellentes suites, parfois considérées comme meilleures que le film d’origine, chacune ayant apporté un angle différent et explorant de nouveaux aspects de l’univers. Autrement dit, je suis allé voir le second film Avatar plus par curiosité scénaristique que par intérêt pour le monde d’Avatar et son histoire qui, sans être mauvais, n’a rien de fabuleux exception faite de la technique. Le présent article divulgue tout ou partie de l’intrigue.
par Ostramus 05 sept., 2021
Pour être honnête, j’ai un a priori négatif concernant l’œuvre de Romain Lucazeau, notamment à cause de la lecture – fastidieuse – de Latium . Si j’ai adoré la quasi-intégralité des idées et des réflexions peuplant le dyptique robotique (je frétille rien qu’en repensant à la création du Limes), son exécution m’avait paru laborieuse, portée par un style amphigourique. Cela étant dit, je reconnais qu’il y avait un je-ne-sais-quoi qui justifiait le succès dont il a bénéficié, et j’avoue que ma curiosité n’eut pas besoin d’être exacerbée bien longtemps pour m’intéresser à la nouvelle œuvre de l’auteur, La Nuit du faune , publié chez Albin Michel Imaginaire , décrit par mon libraire comme « Le Petit Prince avec des neutrinos ». Si une majorité de critiques dithyrambiques en parlent en termes élogieux, le considérant comme le chef d'œuvre de la rentrée littéraire, je crains de ne pas partager la bonne vision .
par Ostramus 30 mai, 2021
Et si Jafar avait de bonnes intentions et que les apparences jouaient contre lui ? Après tout, nous ne savons pas grand-chose le concernant. Dans le film d’animation de Disney sorti en 1992, il n’est jamais fait mention de sa vie passée, de ses origines ni de la nature et l’étendue de ses fonctions. L’unique chose que le spectateur sait est qu’il souhaite devenir sultan à la place du sultan. Si la quête du pouvoir est rarement perçue comme vertueuse, nous ignorons pourquoi Jafar souhaite s’en emparer et ce qu’il compte en faire. En y regardant de plus près, il est tout à fait possible d’imaginer que derrière les complots, la répartie lapidaire et une apparence sinistre se cache un être dévoué qui se soucie réellement de son prochain. Aussi, mettons un instant de côté l e rêve bleu , renversons les perspectives et hasardons-nous à accorder une seconde chance au grand vizir d’Agrabah.
par Ostramus 03 mai, 2021
Un long voyage de Claire Duvivier, publié Aux Forges de Vulcain est déjà sorti il y a un moment et il a connu un joli succès dans le petit monde de la littérature de l’imaginaire au regard des nombreux articles le concernant. Toutefois, certains aspects n’ont pas été évoqués, du moins à mon sens certains qui ont capté mon attention et qui soulèvent quelques questions. Aussi, je me suis fendu à mon tour d’un billet. La différence étant que je vais détailler l’entièreté de l’ouvrage et évoquer des éléments de l’intrigue. Cette critique s’adresse ainsi davantage à ceux qui l’ont lu qu’à ceux qui prévoient de le lire.
par Ostramus 27 mars, 2020
Un univers désigne la réalité au sein de laquelle se trouve contenue l’intégralité de ce qui existe et où se produit l’intégralité des phénomènes physiques. Il constitue pour un individu l’ensemble de ce qu’il est en principe possible d’observer, d’explorer, et de manipuler. Si cette définition n’a rien d’universel, il s’agit de la conception adoptée pour la suite du propos. Selon cette acception commune, l’univers a la propriété d’être de taille infinie et d’être régi des lois physiques identiques en tout lieu et en tout temps. En l’état actuel de nos connaissances, l’univers dans lequel nous nous situons, du moins la portion que nous sommes en mesure d’observer et d’analyser serait unique. Même si le modèle standard de la cosmologie accuse quelques lacunes et autres difficultés à unifier la mécanique quantique et la relativité générale, il n’offre pour l’heure aucune preuve de l’existence d’un univers différent du nôtre. Pour autant, il existe des théories qui s’interrogent quant à la possibilité que notre univers ne soit pas unique, mais un parmi d’autres. Il y aurait un ensemble d’univers formant un vaste multivers.
Plus d'articles
Share by: